J'peux pas, j'ai voilier !

 

Je peux pas, j'ai voilier !

Au mouillage, avant le départ.
La personne qui m'a offert ce T-shirt saura se reconnaître 😉
 

Cette fois, il semble que l’on ‘décolle’ vraiment.
Nous commencions à croire qu’un sortilège gardait Sea You Two aimanté à la Marina Rubicon !
Quoi qu’attractive à plus d’un égard, il est grand temps de quitter Lanzarote. 

Premier objectif : l'île au sud de Lanzarote. Fuerteventura nous revoilà !
La météo est difficile à cerner mais nous allons essayer de dépasser Puerto del Rosario, qui nous a vu fuir car intenable par houle de sud (voir article précédent) et rejoindre le port de Gran Tarajal. Cela représente le double de distance et au mieux 10 à 12 heures de navigation. Avec une durée du jour de ± 10h, le calcul est vite fait : il nous faut partir de nuit pour arriver de jour.
La veille du départ nous quittons notre emplacement dans la marina pour rejoindre le mouillage juste à côté. De cette façon il nous sera plus facile, de nuit, de simplement lever l’ancre et faire voile.


Mercredi, 3 janvier, 5h30, la grand voile gonflée autant que notre espoir d’une belle traversée, le voilier pointe vers notre destination. Ciel étoilé et lune qui nous éclaire la voie, un début encourageant… de courte durée. Arrivés à la petite île de Lobos le vent faiblit et annihile nos espoirs de dépasser Puerto del Rosario. Comme nous évitons d'utiliser le moteur, le léger souffle nous y porte au bout de 11 heures de navigation. 😞

Deux jours plus tard en route pour le port de Gran Tarajal.


 

Le vent assez faible au début se renforce à tel point qu’en approche du port, sous génois seul, nous filons à près de 6 nœuds. Cela ne présage rien de bon pour l’amarrage...
Effectivement, entrant dans le port, le vent descend de la montagne en rafales. Les autorités du port sont muettes aux appels à la radio. Pas d’aide à attendre de leur part. Après plusieurs tours, nous choisissons un emplacement libre. Au moment d’accoster, le vent repousse le bateau et Pti’Mousse doit renoncer à sauter sur le ponton. Marche arrière toute, le bateau est très difficile à contrôler et nous évitons la collision de peu. On repart pour un tour et au second essai l’équipage de Gegenwind vient nous aider efficacement. A peine amarrés il ne reste qu’un léger zéphyr ! Plutôt frustrant, non ? Ce phénomène est caractéristique d’un relief qui laisse passer le vent accumulé en une fois et puis plus rien.
La même mésaventure, en bien pire, arrivera à un bateau allemand deux jours plus tard. Après être rentré en collision avec plusieurs bateaux, le voilà enfin amarré, le vent n’est plus qu’un soupir.

*  *  *

Remis de nos émotions nous découvrons un village/ville arrêté dans le temps d’avant l’urbanisation effrénée qui ravage les côtes de Lanzarote et Fuerteventura.

Nous avons de la chance. Le jour de notre arrivée coïncide avec celle des rois mages. Le 6 janvier est férié en Espagne. La ville est en ébullition. Les enfants sont super excités. Le soir, un cortège défile dans les rues illuminées. Animations ressemblant au carnaval tant dans les rythmes des tambours que les déguisements, avec en point d'orgue l'arrivée de Melchior, Gaspard et Balthazar à dos de chameaux !

Pas de galette des rois ici, mais une couronne très kitsch, le Roscon Navideño. Ce n’est qu’une pâte à choux bourrée de crème fraîche 😖


La météo est décidément capricieuse en hiver. Les vents de sud sont plus fréquents qu'avant. Ici aussi le changement climatique se fait sentir.  Le problème est que, sur Fuerteventura,  il n'y a pas de mouillages ou même de ports protégés des vents et de la houle venant du sud. Malgré notre envie de découverte plus en profondeur de Fuerteventura nous devons nous résoudre à la quitter, en raison de la météo annoncée pour la fin de semaine. 

Prochaine étape : Las Palmas de Gran Canaria, à près de 80 milles nautiques de notre position. Pour nous avancer un peu, nous décidons de faire un arrêt tout au sud de l'île, à Morro Jable. 

 Cette fois-ci on bénéficiera d'une belle navigation, comme on rêverait d'en avoir toujours.




Le port de Morro Jable est actuellement en travaux. C'est dans un mouillage qui s'avère peu protégé du vent d'est actuel que nous attendons, bien  secoués, le bon moment pour partir.

Jeudi 11 janvier, 3h30. Le moteur de Sea You Two ronronne. Le vent est fort et la nuit est d'encre quand on lève l'ancre. Nous nous faufilons au milieu des autres voiliers endormis. Départ un peu musclé et angoissant, mais réussi. Sous grand voile arisée (réduite) notre voilier trace un sillage semblant allumer des étoiles à son passage. C'est l'énergie chimique d'une espèce de plancton qui est transformée en énergie lumineuse. Le ciel n'est pas en reste. Sans lune, la voûte est constellée. Magie de la navigation dans l'obscurité, avec en point d'orgue l'astre du jour pour éteindre la nuit. 


Petit bémol, la mer un peu trop agitée et un vent fort font que c'est inconfortable. 



Vers 10h le vent tourne et diminue un peu. L'allure est plus agréable, le soleil nous réchauffe. Le moral revient et l’appétit augmente. Cela devient ce que l'on peut appeler une belle navigation

Gran Canaria reste invisible jusqu’à son approche, drapée dans une brume.
Las Palmas est un des plus grands ports d’Europe. Heureusement le bateau est équipé d'une aide précieuse, l'AIS, (appareil électronique permettant un système d'identification automatique - Automatic Identification System), qui nous permet de contrôler les trajectoires des différents cargos et ferries qui gravitent autour.
Ce qui est étonnant ici c'est le mélange de tout se qui se déplace sur l'eau. Du plus gros porte-conteneurs au kayak de mer, en passant par les paquebots, voiliers, pêcheurs, et j'en passe. Tous se croisent dans cette immense zone protégée. 

 

Les ports gérés par l'état ne permettent pas de réserver. Arrivés au ponton d’accueil, on nous met sur liste d'attente. Cela nous vaudra 4 jours au mouillage, tantôt calme, tantôt très rouleur. 😕
Le 15 janvier, une place de port nous est enfin allouée.  On va pouvoir nettoyer le bateau, laver le linge et procéder à un avitaillement conséquent.  Et ensuite, visiter celle qu'on appelle un peu pompeusement 'L'île Continent'  



Commentaires

  1. C'est toujours un plaisir de découvrir vos nouvelles aventures, j'ai le mal de mer rien que de voir vos videos... toujours le même leitmotiv : profitez.
    Bises

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    1. Nous allons suivre ce sage conseil :-) Bises à vous deux. Et courage sous la neige !

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  2. Merci de nous faire partager. C’est toujours avec plaisir que je vous lis et traverse avec vous vos aventures… avec un peu de retard ! Et vous n’éludez rien, ni les plaisirs ni les tracas !! Bises des montagnes !

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    1. Savoir qu'on est suivi jusque dans les Hautes Alpes fait vraiment plaisir. Merci beaucoup.

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  3. Coucou les amis, toujours aussi agréable la lecture de vos récits. Comme tu dis ici il fait glacial et neigeux, j'vous raconte pas...sortir Yogy dans 10 cm de neige 🥺🌨... ça réchauffe de vous voir en short et bien bronzé. Ça tangue pas mal quand même aussi. Las Palmas très joli j'y avais été il y a une dizaine d'années avec Élodie. Bon vent les matelots. A bientôt, au prochain épisode. Biz 😘😘🙋‍♀️ (Chantal)

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    1. Merci Chantal pour ton enthousiasme et ta présence à nos côtés. Big bisous et bon amusement avec Yogy 'sous' la neige. Hihi ! Bises de nous deux.

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  4. Coucou les marins poètes, merci pour les nouvelles. Je vous souhaite de belles découvertes sur l'île continent ;-) et des navigations plus tranquilles ! Gros bisous. Brigitte

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    1. Marins poètes ! Merci Brigitte pour ce joli compliment ! Gros bisous de nous deux.

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  5. Continuez à me faire rêver Emmanuelle et Christian, bon périple 😊 Jacques 😉

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  6. Très beau Tshirt Emmanuelle ! -)

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